La Villa des Mystères de Pompéi


© Photo Patricia Carles
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  On l'appelle la Villa des Mystères. Pour beaucoup, en effet, la grande fresque du triclinium ou de l'antichambre, peinte vers 70-60 av. J.-C, représente l'initiation au culte de Dionysos. Ainsi, il ne fait pas de doute pour Gilles Sauron que la "domina", la propriétaire de la maison, ait été l'adepte, voire la prêtresse, d'un groupement religieux voué à la célébration de mystères dionysiaques.

Située à l'écart de la ville, au bout de l'allée des tombes, cette élégante villainstallée sur une terrasse artificielle bordée sur trois côtés par un "cryptoportique", aurait été propice à ce culte secret. Consacrée au vignoble, comme en témoigne son magnifique pressoir, la propriété, devenue exploitation agricole après le tremblement de terre de 62 ap. J.C., aurait célébré le culte dyonisiaque à l'ombre de sa superbe véranda.

Il est vrai que tout atteste le succès des mystères dionysiaques en Italie : d'abord, le contexte culturel du monde méditerranéen, dominé par la civilisation grecque : selon Pierre Grimal, "à l'époque romaine, et dès le second siècle avant notre ère, les Mystères de Dionysos, avec leur licence et leur caractère orgiastique, pénétrèrent en Italie où ils trouvèrent une terre d'élection, parmi les populations encore peu civilisées des montagnes d'Italie méridionale et centrale" ; ensuite, la fameuse affaire des Bacchanales, en 186 av. J.-C., qui conduisit le Sénat à interdire la célébration de ce culte considéré comme une menace pour Rome (bien des ennemis de Rome se prétendant de "nouveaux Dionysos") ; enfin l'enracinement du dionysisme à Rome même, comme en témoigne le décor de la villa de la Farnésine.

Or, lorsque fut peinte la grande fresque de La Villa des Mystères, Pompéi était une colonie romaine depuis une vingtaine d'années. Cicéron, consul en 63 av. J.-C., y possédait une propriété et la cité, fondée par les Osques, soumise par les Samnites, était fortement romanisée. L'engouement de l'aristocratie romaine pour les cultes dionysiaques ne pouvait manquer de raviver les anciennes accointances de Pompéi avec le monde grec. D'autres représentations, comme le décor de la villa dite "de P. Fannius Synistor" à Boscoreale, les miniatures dionysiaques ou encore les bas reliefs du sarcophage que l'on peut voir au Musée de Naples attestent d'ailleurs la présence du dionysisme en Campanie et à Pompéi.

Cette interprétation, aujourd'hui défendue avec brio par Gilles Sauron dans La grande fresque de La Villa des Mystères à Pompéi, est fortement contestée par Paul Veyne qui ne voit dans la fresque qu'un banal "pastos", une peinture matrimoniale déclinant tous les lieux communs dionysiaques de l'iconographie conventionnelle. Pour l'auteur des Mystères du Gynécée, la fresque représente simplement les préparatifs très prosaïques d'un riche mariage et les festivités qui l'accompagnent.

Mais Dionysos, selon le mythe, est aussi le dieu de l'ivresse et du délire et l'on peut se demander s'il n'égare pas tous ceux qui se hasardent à interpréter la grande fresque du triclinium. Après Gilles Sauron, Paul Veyne et tant d'autres, je voudrais à mon tour me risquer dans ce délire bacchique et apporter quelques éclairages sur ce mystère iconographique.

 

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