Les fresques du cubiculum


© Photo Patricia Carles

  Les fresques du cubiculum, sans doute la chambre conjugale, font discrètement écho à celles de l'antichambre, peut-être devenu le triclinium : on y retrouve Dionysos sous la forme d'un jeune homme dansant et la domina en matrone à moins que ce ne soit en ménade car l'objet qu'elle tient à la main pourrait bien être non pas, comme le croit Paul Veyne, les tablettes du contrat de mariage mais bien, comme on le voit dans le vase Borghèse, les castagnettes qu'arborent si souvent les ménades ; sur la paroi opposée, une figure juvénile à demi-nue, sans doute une ménade, semble danser elle aussi ; une scène de sacrifice, assez énigmatique, décore la frise : on y voit un porteur de torche menant par la main un Amour ailé ; tous les deux regardent derrière eux ; un cochon (ou une truie) orné de bandelettes rouges les suit ; on devine enfin un autel à l'arrière plan : couvert de fleurs, il porte l'effigie, en "hermès", d'un dieu barbu couronné de fleurs qui pourrait bien être Dionysos ; une autre couronne, la couronne de la mariée ?, est suspendue à cette effigie ithyphallique.

Il est bien difficile d'identifier ce porteur de torche qui ressemble tout à la fois à Dionysos (il semble porter une peau de panthère sur les épaules) et à Hermès, bien qu'il n'ait pas de caducée. Hermès, protecteur de Dionysos enfant, est le dieu des chemins aventureux mais il est aussi épithalamites, il aide la jeune mariée à franchir le seuil de sa nouvelle maison. Est-ce pour cette raison qu'il est suivi d'une truie ornée pour le sacrifice ? On sait en effet qu'on immolait une truie lors de la signature du contrat de mariage à Rome. La truie, dont la gestation dure trois mois, trois semaines et trois jours, était symbole de fertilité et son sacrifice lors du mariage était un gage de fécondité pour la nouvelle épouse mais sa queue en tire-bouchon lui devait aussi de symboliser l'espérance en la vie éternelle et la truie qu'on sacrifiait lors d'un décès était censée accompagner l'âme du défunt dans son périple de l'au-delà. C'est dire que, jusque dans le cubiculum, l'interprétation nuptiale et l'interprétation mystique semblent se confondre.



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