Les fresques du cubiculum,
sans doute la chambre conjugale, font discrètement écho
à celles de l'antichambre, peut-être devenu le triclinium
: on y retrouve Dionysos sous la forme d'un jeune homme dansant
et la domina
en matrone à moins
que ce ne soit en ménade car l'objet qu'elle tient à
la main pourrait bien être non pas, comme le croit Paul
Veyne, les tablettes du contrat de mariage mais bien, comme on
le voit dans le vase Borghèse, les castagnettes qu'arborent si souvent les
ménades ; sur la paroi opposée, une figure
juvénile à demi-nue ,
sans doute une ménade, semble danser elle aussi ; une
scène de sacrifice ,
assez énigmatique, décore la frise : on y voit
un porteur de torche menant par la main un Amour
ailé ; tous les deux regardent derrière eux ; un
cochon (ou une truie) orné de bandelettes rouges les suit
; on devine enfin un autel à l'arrière plan : couvert
de fleurs, il porte l'effigie, en "hermès",
d'un dieu barbu couronné de fleurs qui pourrait bien être
Dionysos ; une autre couronne, la couronne de la mariée
?, est suspendue à cette effigie ithyphallique.
Il est bien difficile d'identifier
ce porteur
de torche qui ressemble
tout à la fois à Dionysos (il semble porter une
peau de panthère sur les épaules) et à
Hermès, bien qu'il n'ait pas de caducée. Hermès,
protecteur de Dionysos enfant, est le dieu des chemins aventureux
mais il est aussi épithalamites, il aide la jeune
mariée à franchir le seuil de sa nouvelle maison.
Est-ce pour cette raison qu'il est suivi d'une truie ornée
pour le sacrifice ? On sait en effet qu'on immolait une truie
lors de la signature du contrat de mariage à Rome. La
truie, dont la gestation dure trois mois, trois semaines et trois
jours, était symbole de fertilité et son sacrifice
lors du mariage était un gage de fécondité
pour la nouvelle épouse mais sa queue en tire-bouchon
lui devait aussi de symboliser l'espérance en la vie éternelle
et la truie qu'on sacrifiait lors d'un décès était
censée accompagner l'âme du défunt dans son
périple de l'au-delà. C'est dire que, jusque dans
le cubiculum, l'interprétation nuptiale et l'interprétation
mystique semblent se confondre. |